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DANS CETTE PAGE, DIVERS AUTEURS EXPLICITENT LEURS POSITIONS SUR CERTAINES QUESTIONS DU MANIFESTE "UNE AUTRE VOIX JUIVE"

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Pascal LEDERER DONNE SON OPINION SUR:
" DROIT AU RETOUR OU A INDEMNISATION DANS DES CONDITIONS A NEGOCIER"



A propos du « droit au retour ou à indemnisation, dans des conditions à négocier »







Parmi les raisons invoquées par certains interlocuteurs, d'accord sur presque tout le contenu du manifeste « Une autre voix juive » pour hésiter, et parfois finalement renoncer à signer le manifeste, figure en bonne place le paragraphe sur « le droit au retour », que je cite in extenso :



« --le peuple palestinien a le droit de voir ses exilés et ses réfugiés choisir, dans des conditions à négocier, entre un retour viable sur la terre de leurs ancêtres et une juste indemnisation. »







Les Amis de Shalom Arshav ont fondé une bonne part de leur attitude négative à notre égard sur ce libellé, comme d'ailleurs d'autres organisations juives réputées progressistes (pas toutes, heureusement). Il est souvent avancé que cette formulation annule en fait le principe du droit à l'existence de l'Etat dIsraël, dans des frontières sûres et reconnues, pourtant énoncé plus haut dans le manifeste.



Qu'en est-il en fait ? Notre formulation est-elle un piège hypocrite pour faire contresigner par des démocrates honnêtes le contraire de ce qu'ils souhaitent ? Les signataires du texte seraient-ils d'accord, sans le dire clairement, pour que des millions de réfugiés palestiniens décidés à en découdre soient admis à revenir en masse sur le territoire d'Israël, aboutissant à sa destruction ?



En fait, il n'en est rien, évidemment. Voici comment se pose en réalité le problème du « droit au retour ou juste indemnisation, dans des conditions à négocier ».



Tout d'abord, il faut distinguer entre



*droit au retour des déplacés de 1967 et



*droit au retour des réfugiés de 1948







En ce qui concerne le premier point, il s'agit du droit au retour des déplacés palestiniens dans le territoire de l'Etat palestinien. Il faut savoir que cette question a fait l'objet d'un accord complet, détaillé, entre Israël et l'OLP, consigné dans les accords d'Oslo. Certes, les gouvernements israéliens successifs, depuis l'assassinat de Rabin, se sont évertués à saboter les accords d'Oslo, ont refusé de les appliquer, (notamment en ce qui concerne le droit au retour des personnes déplacées) et, dans la dernière période, d'en effacer jusqu'au souvenir. Cependant, aucune négociation sérieuse de paix entre Israël et l'OLP ne pourra revenir en arrière sur ce qui a été paraphé à Oslo, par les deux parties.



Le deuxième point concerne un problème plus délicat : le retour des réfugiés de 1948 sur le territoire de l'Etat d'Israël ; il s'agit pour l'essentiel de réfugiés libanais, particulièrement mal lotis, car ils n'ont pas de droits civiques au Liban. Or une information capitale existe sur ce point, consignée dans un document quasi-officiel, le dossier du « Monde Diplomatique » consacré aux négociations de Taba.



Que constate M. Moratinos, représentant l'Union Européenne, qui a écrit un compte-rendu des discussions ? Deux avancées majeures ont été réalisées, qui réduisent à peu de chose les fantasmes évoqués plus haut sur le « droit au retour ». Tout d'abord, le négociateur israélien Yossi Beilin a accepté qu'Israël prenne comme base de la discussion sur ce problème la résolution 194 de l'ONU. Celle-ci établit le droit au retour des réfugiès palestiniens de 1948 comme un principe du droit international. Pour l'OLP, l'acceptation par Israël de ce principe est non négociable; l'application du principe est affaire de négociations. Et en effet, la deuxième avancée importante est que lOLP a déclaré que ce droit au retour s'exercerait de manière à « préserver le caractère juif de lEtat dIsraël » . On peut évidemment s'interroger sur cette formulation, mais elle ne fait que refléter la proclamation par Israël de son « caractère juif », avec toutes les conséquences lourdes que cela a sur la démocratie israélienne . A mon sens, en déclarant vouloir respecter le « caractère juif « de l'Etat dIsraël c'est à dire, concrètement, en acceptant de limiter à des contingents symboliques le nombre de Palestiniens appelés à retourner sur le territoire d'Israël,l'OLP a pris acte une fois de plus du refus du peuple israélien de construire un Etat laïque sans discriminations de type ethnique.



Quoi qu'il en soit, il s'agit dune position qui invalide radicalement tous les fantasmes invoqués pour refuser la formulation du manifeste « Une autre voix juive »



Tout est-il réglé entre Israéliens et Palestiniens sur la question du retour ? Evidemment, non. Les négociations de Taba, pour mille raisons que je ne discute pas ici, n'ont pas abouti à un accord. Il n'y a pas eu accord sur les chiffres de réfugiés admis en Israël. L'OLP a mentionné entre 20 000 et 40 000 personnes, sur une période de 5 ans. Un ministre israélien à la Knesseth a parlé de 300 000 personnes. Donc, la négociation n'a pas tout exploré. Mais pour les forces de paix, pour tous ceux qui cherchent à donner des perspectives d'avenir à une coexistence pacifique loyale entre les deux peuples et leurs Etats respectifs, il existe une base claire et démocratique de consensus constructif: c'est précisément la formulation du manifeste. Aucune négociation sérieuse ne pourra faire l'économie des relevés des discussions de Taba : ils montrent le type de solution acceptable par tous.







Voilà pourquoi je pense que les hésitations à soutenir franchement les principes démocratiques énoncés par « Une autre voix juive » devraient être abandonnées. Il faut encourager, et non freiner, le développement dune expression démocratique pluraliste nombreuse, incontournable, probablement majoritaire chez les citoyens juifs, ou d'origine juive, de ce pays. Il faut mettre en échec les intolérables pressions exercées sur lopinion publique par le pompier-pyromane irresponsable qui dirige à l'heure actuelle le CRIF, et par une poignée d'hommes publics qui voudraient interdire, « au nom des Juifs », aux citoyens de ce pays, Juifs ou non, toute critique de la politique dIsraël, en brandissant des accusations perverses d'antisémitisme.



Dans l'immédiat celà passe par la collecte active, efficace de signatures au bas du manifeste « Une autre voix juive ». Pour être entendus, et bien entendus, nous devons être nombreux, encore plus nombreux. L'affaire est suffisamment grave pour que l'on en finisse avec les tergiversations et les finasseries.







Pascal Lederer