Aux Amis de "Shalom Arshav "
Mesdames, Messieurs,
En tant que signataire de base de l'appel pour une autre voix juive, et membre de votre mailing-list,
je me permet de vous adresser quelques remarques à propos de votre critique de cet appel.
Ces remarques sont totalement personnelles, elles n'ont pas été concertées avec les initiateurs
de l'appel et ne les engagent pas, pas plus qu'aucun autre signataire que moi-même.
Mon voeu est de permettre aux forces juives « alternatives » de dialoguer tranquillement
et pacifiquement entre elles pour augmenter leur impact commun, et d'éviter de s'entre- déchirer.
Je reprend donc votre texte avec des remarques en caractères gras, point par point.
Très cordialement
A votre disposition
Thierry COTE
Un Manifeste intitule "une autre voix juive", paru dans Le Monde du 6 avril, expose les positions d'un certain nombre de personnes se presentant comme
"francais juifs ou d'origine juive".
Les Amis de Shalom Arshav n'ont pas participe a l'elaboration de ce texte et
n'appellent pas a le signer pour les raisons suivantes :
- Ce n'est pas la première fois que "des voix juives"
s'élèvent, à titre individuel ou collectif, contre la politique du gouvernement d'Ariel Sharon,
et nous récusons une tentative de manipulation qui tendrait a faire croire que les seules "voix juives" d'opposition à
la politique du gouvernement israelien actuel ne pourraient etre que celles porteuses des idees vehiculees
par ce Manifeste. En ce qui nous concerne, nous n'avons pas attendu la seconde Intifada pour exprimer notre desaveu
de la politique de gouvernements israeliens quand celle-ci, comme c'est le cas aujourd'hui, met en
peril les fondements de l'Etat juif, en poursuivant une occupation qui corrompt ses bases morales et democratiques,
et met en danger sa securite a long terme.
L'appel ne contient pas le moindre mot pouvant laisser imaginer au lecteur que les signataires
se revendiqueraient d'une quelconque exclusivité ou d'un quelconque monopole en matière de « voix juive » d'opposition,
en France, à la politique de l'actuel gouvernement israélien.
Nombre de signataires ont défilé le 7 avril 2002 avec les amis de Shalom Arshav, et n'ont pas l'intention
de s'opposer à ce mouvement. Ils estiment seulement que l'intervention publique de tous les juifs qui ne répondent pas à la
« pensée unique » devrait être plus incisive et médiatique que ne l'est celle des "Amis de Shalom Arshav".
- Ce Manifeste ne justifie
l'existence de l Etat d'Israel que par "les conditions historiques laissees par les ruines du fascisme hitlerien". Nous
rappelons que l'Etat d'Israel est la concretisation du mouvement de liberation nationale du peuple juif (nous
le soulignons), generalement appele sionisme, dont l'origine plonge ses racines dans l'Histoire juive, et
qui n'a pu s'exprimer politiquement qu'a partir de la fin du 19eme siecle, a la suite du renouveau des mouvements
nationalistes qui se developpaient en Europe a cette epoque. La Shoah a sans doute precipite ce processus
historique, mais celui ci etait deja largement entame avant la deuxieme guerre mondiale.
Certes, le nationalisme juif est né avant la shoah, mais la leçon que tirent de la shoah un nombre
important de juifs est la condamnation de toute idéologie nationaliste.
Nombre de signataires de l'appel ont, comme vous, des références plus larges que la shoah à l'existence
dIsrael, mais, ce qui est important, c'est de se réunir sur une conviction que le respect de cette existence est un préalable
absolu à tout débat.
- Ce Manifeste ajoute
que "le peuple israelien a droit a un Etat". Nous remercions les signataires de reconnaitre aux Israeliens le
droit a leur Etat qui existe depuis bientot 55 ans. Nous pensons que les Israeliens leur en seront
tres reconnaissants. Neanmoins nous rappelons a ces signataires que l'Etat d'Israel continue a revendiquer la
legitimite pour tous les juifs qui le souhaitent a devenir des citoyens israeliens.
L'ironie est
elle la meilleure réponse au malaise que nous ressentons tous depuis des mois ? Il n'est pas inutile de rappeler que
ceux qui prônent l'anéantissement du peuple israelien n'ont pas leur place dans le champs démocratique français, pas plus
que ceux qui prônent la destruction physique du peuple palestinien.
- La these selon laquelle,
l'ideologie de l'extreme droite israelienne s'insinue au sein de forces politiques francaises et donne au "judaisme confisque
un visage repoussant ", qui justifierait l'antisemitisme en France, est un fantasme dangereux. C'est oublier un
peu vite, les causes de l'antisemitisme actuel tel qu'il s'est illustre notamment dans des manifestations
recentes a Paris.
il ny a aucune différence entre les
nervis que le crif a laissé parader en tête de sa manif le 7 avril 2002 et les fous d'Allah qui infiltraient les manif anti-guerre
avec des banderoles antisémites, contre lesquels il a fallu attendre des semaines pour que les organisations de gauche réagissent
(je sais de quoi je parle, je me
suis frotté de près aux deux)
- Nous reconnaissons la souffrance
et la detresse dans lesquelles est plonge le peuple palestinien, et plus particulierement ses refugies. Comme vous
le savez tous, Shalom Arshav lutte depuis plus de vingt ans pour la creation d'un Etat palestinien viable, a cote
de l'Etat d'Israel, mais nous savons aussi que la prise en compte d'un droit au retour des refugies palestiniens
telle que reprise par ce Manifeste, signifierait la fin de l'Etat d'Israel en tant qu'Etat Juif.
ce point fait
débat, la rédaction de l'appel ne se limite pas à un retour « physique ». Vous oubliez une phrase du texte capitale :
« dans des conditions à négocier ». L'important est la prise en compte par Israël de la résolution 194 de l'ONU,
qui établit en droit international le droit au retour ou à compensation des réfugiés de 1948, (ce qu'a fait Yossi Beilin à
Taba) et la reconnaissance que l'application de ce droit devrait « préserver
le caractère juif de lEtat d'Israël » (formulation qui a été celle de lOLP à Taba). Agiter le problème du droit au retour
comme épouvantail sert surtout à éloigner de nombreux Juifs de la lutte pour une paix juste et durable. Le rôle de forces
progressistes est de montrer que les bases dune solution pacifique de ce problème existent déjà, et ont été formulées à Taba :
cest de la que doivent partir, sur ce point, les discussions ultérieures. Les forces juives de progrès pourraient débattre de ce problème de façon dépassionnée, et, surtout, honnête.
- Enfin, si nous prenons acte de la condamnation, tardive pour certains d'entre eux, par les signataires du Manifeste, des attentats suicides perpetres
par des groupes terroristes palestiniens, nous ne partageons pas leur vision d'une droite israelienne dont l'influence
supposee viendrait bouleverser l'equilibre democratique de notre societe. Les correspondants de cette droite israelienne
existent ici, et plus d'une fois nous avons eu l'occasion de nous opposer a eux. Mais des formules telles que
"la montee en puissance de l'ideologie de l'extreme droite israelienne au sein de forces politiques francaises", ou "les ingerences
criminogenes (sic), anti-democratiques, de la droite israelienne dans la societe francaise" ne font
que reconduire, sous un langage a peine modifie, les theses classiques du "pouvoir", voire du "complot juif".
Serait-ce la la verite a lire entre les lignes, de cette "autre voix juive"?
Autant il
faut garder en mémoire tous les petits évènements qui font la résurgence de l'antisémitisme, il faut aussi se garder doublier
trop vite les marques d'intolérance exprimées par des juifs « ultras » face à des personnalités politiques insoupçonnables
d'antisémitisme.(injures, face à la caméra, à Noel Mamère, délation digne des grandes traditions collabo sur un site
internet, procès contre Daniel Mermet, etc)
Il n'est plus
tolérable de supporter l'équation imposée : solidarité avec le peuple palestinien = antisionisme = antisémitisme. Cette
équation, qui va à l'encontre de tous les idéaux juifs d'humanisme et de combat universel contre toutes les oppressions, ne
concerne qu'une minorité. Il y a grand danger à la voir devenir un dogme opposable à tous.
Et puisque
cette équation scélérate est martelée sur la place publique, nous devons quitter le nid douillet de nos clubs de reflexion
et investir la place publique.
quand on aura
compris que la plupart des signataires de l'appel ont une biographie personnelle où la vigilance contre les résurgences des
thèses imbéciles contre le complot juif a une grande part, on pourra peut être envisager un débat novateur sur la pression
insoutenable exercée par les notables de la représentativité juive sur leurs ouailles, à propos de la critique du gouvernement
Sharon, ou de la trahison qui consiste à ne pas soutenir le complexe militaro-industriel américain.
Après avoir noté que, visiblement, des pans entiers, fondamentaux, de l'Appel pour une autre voix
juive, ne semblent pas poser de problème aux "Amis de Shalom Arshav", on ne peut
que souhaiter que s'instaure entre tous les juifs de progrès un débat fructueux pour dégager des lignes d'intervention et
d'action novatrices, faire irruption en masse dans la sphère publique et médiatique pour briser la pensée unique des Cukierman,
Lelouch et autres.
Thierry COTE
23/4/2003
Réponse de Gilles Cohen Tannoudji à SHALOM ARSHAV
Cher ami, à la suite du communiqué des amis de Shalom Arshav concernant le Manifeste "une autre voie juive",
je vous adresse ce mail que je vous autorise à diffuser sur la liste de distribution. Je n'ai pas participé à l'élaboration
de ce Manifeste et je n'ai pas été l'un de ses premiers signataires mais je l'ai signé dès que j'en ai eu connaissance. Comme
je suis membre de l'association des amis de Shalom Arshav et que j'ai l'intention de le demeurer, je voudrais réagir à ce
communiqué dont la tonalité polémique ("tentative de manipulation", "fantasme dangereux", "condamnation
tardive", "vérité à lire entre les lignes") m'a mis assez mal à l'aise. Je me refuse à entrer dans la polémique,
mais je tiens à souligner quelques points peut-être susceptibles de rapprocher les points de vue, et donc de faire progresser
la cause de la paix.
1/ A propos du sionisme. Je sais que le mouvement Shalom Arshav se réclame du sionisme et qu'il se démarque sur ce point
d'autres mouvements, qui, en Israël, sont aussi favorables à la paix mais sans se réclamer du sionisme. Je sais aussi, comme
nous l'ont expliqué plusieurs orateurs lors des réunions de notre association auxquelles j'ai participé, qu'il existe toute
une palette de positions se réclamant du sionisme, allant de l'extrême droite qui prône un "grand Israël" et donc
le "transfert" des populations non-juives, jusqu'à la position, qui est celle de Shalom Arshav, favorable à deux
états vivant en paix côte à côte. Lorsque j'ai décidé d'apporter mon soutien à ce mouvement ce n'est pas tant du fait de
son idéologie sioniste que parce qu'il m'apparaît comme le plus efficace dans la lutte pour la paix et le plus ouvert au dialogue
israélo-palestinien. S'il existe un sionisme pour qui la paix passe par deux états, va pour ce sionisme! Je sais par ailleurs
que souvent "l'anti-sionisme" sert de masque à un antisémitisme virulent, mais je note aussi que le sionisme peut
servir les pires antisémites:"puisqu'il existe un état juif pourquoi ne pas y transférer tous les juifs !?" Pour
toutes ces raisons je me suis senti à l'aise à la lecture du Manifeste: il explique la diversité des positions de ses signataires
à propos du sionisme; il n'entre pas dans une "justification" de l'existence de l'état d'Israël, mais, comme il
rappelle que "le peuple israélien a droit à un État aux frontières sures et reconnues, dans le cadre des résolutions
de l'ONU" et affirme à propos des territoires actuellement occupés que le peuple palestinien a le droit "d'y fonder
dans les conditions garanties par la charte des Nations unies, État de son choix", je ne vois pas en quoi sa position
diffère de celle de Shalom Arshav ou de celle exprimée dans la déclaration commune Ayalon-Nusseibeh que notre association
a soutenue.
2/ Condamnation des attentats suicides Je pense qu'il y a un reproche que l'on peut faire à la condamnation des attentats
suicides par les signataires du manifeste, qui n'a rien à voir avec son supposé caractère "tardif" : les attentats,
certes qualifiés de monstrueux, sont condamnés surtout, voire exclusivement, du fait de leur nuisance pour la cause palestinienne;
il manque à la condamnation une expression de l'empathie avec la population israélienne qui est la victime de ces attentats
atroces. Mais je pense qu'un reproche "symétrique" peut être fait aux amis de Shalom Arshav qui semblent ne condamner
la politique du gouvernement israélien que dans la mesure où elle met en cause la sécurité à long terme de État juif et omettent
d'exprimer de l'empathie avec la population palestinienne qui est victime d'une terrible oppression coloniale. J'ose espérer
qu'il ne sera pas trop difficile de débattre tranquillement de cette question et de se mettre d'accord pour qu'à l'avenir
ces deux défauts symétriques soient systématiquement corrigés.
3/Le droit de retour On sait combien cette question difficile est cruciale et sensible. Il me semble que le communiqué
déforme complètement la position du Manifeste, c'est pourquoi je veux citer explicitement le passage qui y est relatif: "le
peuple palestinien a le droit de voir ses exilés et ses réfugiés choisir, dans des conditions à négocier, entre un retour
viable sur la terre de leurs ancêtres et une juste indemnisation." Or, selon le communiqué, "la prise en compte
d'un droit de retour des réfugiés palestiniens telle que reprise par ce Manifeste, signifierait la fin de État d'Israël en
tant État juif". Est-ce à dire que, sur cette question, rien ne serait négociable? ni le lieu du "retour" (Israël
ou le futur État Palestinien)? ni la nature, ni le montant, ni l'origine des éventuelles indemnisations? ni la possibilité
de parvenir, par la négociation, à la solution préconisée par la déclaration Ayalon Nusseibeh (les juifs en Israël, les Palestiniens
en Palestine)? En quoi la position exprimée par le Manifeste fermerait-elle la porte à une telle solution du problème du retour?
J'avoue avoir été assez surpris par le caractère péremptoire et cassant de ce passage du communiqué.
4/Antisémitisme et influence de la droite israélienne en France S'il est vrai que certaines formulations du manifeste,
comme les "ingérences criminogènes", sont excessives, je pense, comme le reconnaît d'ailleurs le communiqué, que
l'influence de la droite israélienne s'exerce bien en France. Il me semble qu'une intense bataille idéologique se déroule
en France en particulier du fait des positions de notre pays dans le conflit irakien. La manifestation où se sont produits
des débordements antisémites était une manifestation contre la guerre en Irak à laquelle j'ai participé. Je n'ai pas été témoin
de ces débordements mais je n'ai pas l'impression qu'ils aient été plus importants que ceux dont notre association a été la
victime, de la part de représentants de l'extrême droite israélienne, lors de la manifestation de l'année dernière.
5/Et maintenant? Je suis, comme je crois l'ensemble des signataires du Manifeste, fier de l'attitude de la France dans
le conflit irakien. Je manifeste mon empathie avec le peuple irakien sur qui s'abattent tant de calamités, et avec tous nos
concitoyens musulmans ou d'origine arabo-musulmane qui vivent la situation actuelle comme une source de profonde humiliation.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, je suis profondément convaincu que le choix de la paix, maintenant impose
de s'opposer à la stratégie de Rumsfeld, Cheney, Wolfovitz, Perle: avant le 18 mars, être pour la paix, maintenant, ce n'était
pas être pour la paix après la guerre en Irak; aujourd'hui, être pour la paix, maintenant, ce n'est pas être pour la paix
lorsque la question syrienne aura été résolue par la force. A la stratégie des dominos de la guerre je pense qu'Israël devrait
préférer la stratégie des dominos de la paix: faire, maintenant la paix avec les palestiniens, puis avec la Syrie, puis avec
l'Arabie Saoudite, puis avec l'Iran, adhérer au traité de non prolifération, puis demander la démilitarisation du nucléaire
dans tout le proche et le moyen orient. Ne pensez-vous pas que ces questions mériteraient un débat serein entre notre association
et les signataires du Manifeste ou d'autres personnalités ou associations?
Cordialement
Gilles Cohen-Tannoudji
POINT DE VUE
Merci, je ne suis pas juive, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ce manifeste me fait du bien, comme m'avait
emue aux larmes un reportage sur ceux qui courageusement, se battent pour la paix en Israël! mais où étaient les juifs que
je connais et que j'aime ? étaient-ils si minoritaires que çà en France?
A chaque table ronde sur le sujet je bouillais, car tous ceux qui parlaient en tant que juif défendaient la politique
de Sharon, pourquoi les autres ne sont-ils jamais invités ? ils existent je les ai rencontrés, pourquoi les seuls opposants
à cette politique invités sont-ils toujours non-juifs? Dans d'autres débats comme récement sur l'Islam, il y avait d'un côté
un "islamiste", de l'autre Malek Bouti, entre autre. La communauté juive doit aussi être représentée dans sa diversité.
Aussi et je l'espère car c'est extrèment important pour l'avenir en Israël comme en France que ceux qui ont écrit ce texte
seront ENFIN invités aux prochains débats (et pas seulement sur Arte ou France-culture) pour défendre leur point de vue qui
de toute façon, d'après moi, est la seule possibilité de paix DURABLE dans ce petit coin de terre.
Et il est temps, car je dois avouer qu'aujourd'hui, dans l'établissement où je travaille, nous avons une sympathique stagiaire
israëlienne, et je m'apperçois que nous N'Osont même plus aborder le sujet d'Israël avec elle de peur qu'elle ne comprenne
pas notre position (alors que peut-être elle pense comme nous)
Et çà c'est grave, car les juifs sont présents en France depuis le 13ème siècle, c'est dire s'il ont fait la france vaec
nous.
Sylvie Dequivre
REPONSE DE O. G. A SHALOM ARSHAV
Madame, Monsieur,
Le texte que vous lirez ci-dessous n'engage que l'un des initiateurs du
manifeste "une autre voix juive" paru dans "LE MONDE" du 6-7AVRIL2003 et
reproduit dans l'Humanite du 7AVRIL 2003; les signataires sont divers et
ils entendent garder leur diversité.
Vous nous attaquez d'une façon peu raisonnable mais c'est votre droit.
Souffrez qu'on vous réponde, non pour entretenir une polémique qui ne
devait pas exister entre forces qui veulent avancer vers une paix juste et
durable au Proche-Orient,ce qui suppose comme vous le dites vous-mêmes la
reconnaissance des droits imprescriptibles du peuple palestinien à
construire l'Etat de son choix , ainsi que le droit pour le peuple
Israëlien à vivre dans la paix et la sécurité en Israël.
Ces principes , pour élémentaires qu'ils semblent , ne vont pas de soi, à
ce que l'on peut voir.
NOUS NE SOMMES PAS LES PREMIERS?MAIS OU AVEZ VOUS TROUVE QUE NOUS
PRETENDIONS A CE TITRE?MEME EN FRANCE BEAUCOUP DE SIGNATAIRES SONT , ONT
ETE INITIATEURS ET INITIATRICES D'INITIATIVES SEMBLABLES ; CELA NE LES A
NULLEMENT GÊNES POUR JOINDRE LEUR SIGNATURE A CE MANIFESTE QUI EN FRANCE
EST DEVENU UNE REFERENCE POLITIQUE EN QUELQUES JOURS.
NOUS NE NOUS APPROPRIONS RIEN . NOUS NE SOMMES PAS L'UNIQUE AUTRE VOIX
JUIVE , ET CE QUI VOUS ECHAPPE SEMBLE T-IL EST QUE NOUS SOMMES UNE AUTRE
VOIX JUIVE EN FRANCE. NOUS SOUHAITONS CONTRIBUER A AIDER TOUTES CELLES ET
CEUX QUI EN ISRAEL ET EN PALESTINE OCCUPEE CHERCHENT DANS LA DIFFICULTE ET
LE DRAME A FRAYER UN AUTRE AVENIR.
NOUS SERIONS MALHEUREUX DE CONDUIRE A NOTRE CORPS DEFENDANT A DES
EQUIVOQUES REDOUTABLES,ET NOUS N'HESITERONS PAS A CORRIGER LE CAS ECHEANT
.NOUS SOMMES TRES ATTENTIFS A TOUTES LES CRITIQUES.
Mais votre texte est un texte que l'on adresse à des adversaires que l'on
combat, pas à des alliés potentiels avec lesquels on discute.
La vérité , c'est que vous n'acceptez pas que l'on puisse être juif ET ne
pas apprécier le sionisme en tant que programme politique quelle que soit
sa variante.Je fais partie de ces Juifs de France _et ils sont nombreux_
qui ne se sentent pas citoyens israëliens par procuration, qui refusent
absolument que l'Etat d'israël s'arroge le droit de parler en leur nom.
Cela est un point de désaccord profond entre nous , de désaccord politique
mais je ne conçois pas que cela puisse vous autoriser à me_nous_ suspecter
d'antisémitisme rampant , inavoué;SUR CE PLAN JE _NOUS_ N'avons aucune
leçon a recevoir.
Oui, nous l'affirmons car nous le vérifions régulièrement , des forces
politiques israëliennes d'extrême droite opèrent en France et infiltrent
des partis politiques Français , des Institutions françaises et nous ne
l'acceptons pas.
Ces forces travaillent souterrainement _OUI_ à créer des affrontements ,
des incidents , des actes criminels qui visent à accréditer l'idée que la
France d'aujourd'hui est antisémite. C'est exactement ce qu'a proféré
récemment Mr . Sharon.Nous sommes scandalisés par de pareils propos; nous
sommes scandalisés que le CRIF puisse parler d'alliance "ROUGE VERT BRUN"
;ceci offense notre citoyenneté, notre dignité , et _excusez ce rappel_ les
cendres de nos morts. Nous ne l'acceptons pas , nous ne l'accepterons pas.
Pour le reste, lorsque notre site web sera ouvert il y aura place pour une
discussion à arêtes vives sur l'ensemble de ces questions,et nous croyo,ns
que le temps est venu de débattre de tout ceci avec hauteur.
Il vous est absolument loisible de discuter de façon tenace et profonde ce
que nous disons; nous ne prétendons à aucune vérité exclusive. Nous ne
prétendons pas nous substituer à qui que ce soit,en Israël ou en Palestine
Occupée pour régler les problèmes fondamentaux.Nous ne sommes pas une force
politique en gestation .
Notre terrain ,c'est la France; il y a une tâche immense ici . Nous avons
la conviction qu'en l'accomplissant , nous vous aidons; nous n'attendons
pas que l'on nous en remercie. Sachez que depuis son lancement , notre
Manifeste reçoit des appuis chaque jour avec des témoignages qui
ébranleraient des falaises de granit. Nous condamnons"avec retard" les
attentats kamikazes en Israël? Que diable! Il est si facile de réunir des
gens aussi divers pour une expression commune!!!!Et à ma connaissance c'est
l'unique texte français à dire ces choses de CETTE FACON.Eh,bien nous
continuerons , avec nos moyens artisanaux , avec la difficulté de faire
face au quotidien,dans la tourmente des évenements mondiaux ,etc.... Aucune
force , aucune moue de dédain ne nous arrêtera.
Je vous prie d' accepter Madame , Monsieur , l'expression de ma vigilante
et néanmoins amicale considération. Olivier Gebuhrer
REPONSE DE P.L. ET O.G. A Mr. WEINTRATER,DIRECTEUR DE LA REVUE "L'ARCHE"

REPONSE A Mr. WEINTRATER (LARCHE) SUR SES TROIS QUESTIONS.
TCHAPAIEV@operamail.com
Cher Monsieur,
Les principaux initiateurs du Manifeste ont pris connaissance avec intérêt de votre lettre ; Pascal Lederer répond à
la première de vos questions ; Olivier Gebuhrer tentera de répondre ensuite aux deux autres.
Nous vous remercions davoir lu avec attention le manifeste « Une autre voix juive ». Votre journal remplirait certainement
sa mission de mensuel du judaïsme français en accordant toute sa place à ce manifeste. Un courant s'exprime en ce moment
dans le judaïsme français : il y a révolte d'une partie significative de l'opinion juive démocrate contre ce qui est ressenti
comme le monopole de l'expression des Français juifs par une partie du judaïsme organisé (la direction actuelle du CRIF)
et quelques personnages médiatiques, au service de l'approbation d'une politique odieuse, celle qui réserve comme seul destin
au peuple palestinien de végéter dans des parcelles de bantoustan. Il y a révolte contre la politique de l'Etat d'Israël qui
prétend parler au nom de tous les Juifs.
Accorder toute sa place à ce manifeste, c'est bien sûr, prendre ce texte comme un tout, et ne pas le découper en parties
plus ou moins tirées de leur contexte. Par exemple vous citez la phrase du manifeste sur « la montée en puissance de lidéologie
de l'extrême droite israélienne au sein de forces politique française ». Joignez-y, sil vous plaît, les phrase explicatives
qui viennent immédiatement après, et vous aurez déjà, au moins en partie, une réponse à votre question : « de nombreux démocrates(
parmi lesquels de nombreux Juifs) sont victimes dintimidations : ils se voient accusés d'antisémitisme, au seul motif quils
combattent la politique menée par le gouvernement israélien ou réclament le respect par Israël des résolutions de lONU, des
engagements pris à Oslo.
Que cherche-t-on en pratiquant ces amalgames monstrueux ? Que cherche-t-on en multipliant les agressions verbales et les
menaces physiques contre ceux, Juifs ou non, qui exercent leur responsabilité de citoyens en condamnant publiquement la politique
israélienne actuelle ? Que cherche-t-on en donnant au judaïsme confisqué un visage repoussant ? »
Permettez moi d'expliciter ce passage, puisque semble-t-il, une lecture attentive ne vous a pas permis den comprendre
le sens. Au début de cette année, une manifestation était organisée à Paris-Jussieu, par le CRIF, UEJF, les Jeunes Socialistes
et l'UNEF, à lissue dune campagne médiatique accusant le Conseil d'Administration de lUniversité Paris VI davoir voté une
motion prônant le boycott des Universités israéliennes. Comme il a été amplement démontré depuis, la « motion de Paris VI
» ne constituait en rien un appel au boycott des universités ou universitaires israéliens, mais un soutien à un vote du Parlement
européen prenant acte que la violation, par le gouvernement israélien, des conditions d'application de l'accord d'association
UE/Israël (article 2 du traité) devait entraîner sa suspension. Quoi quil en soit, le jour prévu pour la manifestation du
CRIF contre « l'antisémitisme » de la motion de Paris VI, « Le Figaro » du même jour (le 06/01/03) juxtaposait dans un même
article une information sur l'agression contre un rabbin, le vote de la motion de Paris VI (pourtant advenu 3 semaines auparavant)
, et une distribution de tracts antisémites sur le parvis de Jussieu. Cet article était une manipulation visant à faire croire
à une flambée dantisémitisme à lUniversité. « le Monde » avait lui même jeté de l'huile sur le feu en opérant une confusion
savante entre le texte voté, et un autre texte, qui, lui, parlait d'une forme de boycott, mais n'avait rien à voir avec la
motion de Paris VI. Un certain nombre dhommes politiques, de lUMP au PS, appuyaient cette manifestation de leur présence
et/ou de leurs déclarations. Or le CRIF avait organisé le 6/04/2002 une manifestation « contre l'antisémitisme et pour le
soutien au peuple israélien », avec près de 200 000 manifestants, et, une participation massive des affiches et des slogans
(non signés, mais facilement identifiables) du Likoud-France. La manifestation « contre l'antisémitisme » a été transformée,
à l'insu de nombreux participants, en une manifestation de soutien à Sharon et sa politique. Toutes les forces politiques
responsables connaissent les liens entre la direction actuelle du CRIF et le Likoud France. C'est donc en connaissance de
cause qu'elles ont prêté main forte, lors de l'affaire de la motion de Paris VI, à une manipulation de masse visant à réduire
au silence les démocrates, Juifs ou non, qui critiquent la politique du gouvernement Sharon. Il est lamentable que des partis
démocratiques se soient laissés entraîner dans cette campagne de calomnies. Il est lamentable qu'une organisation juive étudiante
issue de la mouvance démocratique se laisse aller dans une « Tribune Libre » du « Monde » à accuser TOUS les universitaires
français d'antisémitisme
Il est lamentable qu'une organisation, la LICRA, réputée liée à la droite républicaine et la gauche non communiste, se
laisse aller à traîner en justice un journaliste démocrate pour antisémitisme. Les faits ? Il avait donné la parole à des
auditeurs qui critiquaient Sharon ! Rappellerez vous à vos lecteurs que les accusateurs de Daniel Mermet ont été déboutés,
et leur victime, traînée par eux dans la boue, blanchie par la Justice ?
En vérité, M. Waintrater, nous assistons à une levée en masse de toute une partie du judaïsme français qui ne veut pas
être associée à une politique criminelle. Une politique qui, non seulement nie les droits du peuple palestinien, non seulement
détruit chaque jour un peu plus toutes les infrastructures de la société palestinienne, ses écoles, ses universités, sa police,
son administration, ses bibliothèques, ses hôpitaux, ses circuits de distribution d'eau potable, etc., mais prétend le faire
au nom des Juifs du monde. Or, des centaines de milliers de victimes de la barbarie nazie ont tiré de leur expérience la
conviction que le fascisme, le nationalisme, le colonialisme, le chauvinisme, le racisme sont les ennemis des Juifs. Toute
une partie du judaïsme français se dresse contre la perversion, par les tenants du gouvernement israélien actuel, de ce que
le judaïsme a apporté dhumanisme au monde.
Allons plus au fond. Tous les signataires du manifeste « Une autre voix juive » se réclament, de façons diverses , du
judaïsme. Le judaïsme n'est pas la propriété du sionisme-révisionniste, mouvement raciste fondé par Jabotinski, et dont se
réclame M. Sharon. Vous savez parfaitement quil existe en Israël des forces qui se réclament du sionisme et qui partagent
pour l'essentiel les analyses d »Une autre voix juive ». Le droit à la critique de la politique israélienne est un droit
naturel car Israël doit être considéré comme un État parmi d autres Etats, et non pas comme un ghetto intouchable regroupant
les Juifs du monde.
Je puis vous assurer, M. Waintrater, et vous pouvez en assurer les lecteurs de « l'Arche », que loin dêtre un manifeste
anti-israélien, «Une autre voix juive » a conscience de défendre véritablement le seul avenir possible pour Israël, celui
d'une coexistence pacifique et loyale avec un Etat palestinien viable et souverain.
Vous le savez, les lecteurs de « l'Arche » le savent : M. Sharon et ses amis ont décrété que les Juifs d'Europe devaient
maintenant émigrer en Israël. Cette politique n'a pas eu jusqu'à maintenant, grand succés parmi les Juifs de France.. Est-ce
la raison pour laquelle on essaie maintenant de persuader le monde entier, avec l'appui d'amis de la droite israélienne aux
USA, que la France est devenue massivement antisémite ? Certaines forces israéliennes auraient elles l'idée, si cet antisémitisme
en France tardait à se vérifier à un niveau suffisant, de l'aider un peu à se développer ? Par exemple en répandant partout
lidée que les Juifs, TOUS les Juifs, sont favorables à une politique que le peuple français ne peut que haïr ? Que judaïsme
et sionisme sont indissociables ? Que sionisme signifie négation des droits dun peuple ? Pouvez vous massurer, mieux, me démontrer
autrement que par des exclamations indignées que personne, ni en Israël, ni en France, ne nourrit ce calcul criminel ?
En vérité, M. Waintrater, la politique que mène Sharon ne donne aucun autre avenir à Israël que celui du sang , des
larmes, et du désespoir. Nous, les signataires du manifeste « Une autre voix juive », avons conscience de tenter, peut-être
déjà trop tard, de désamorcer les machines infernales qu'allument les forces politiques israéliennes, en Israël, dans la
société française, et dans le monde, et que trop de forces politiques françaises ne savent pas voir tant qu'il est encore
temps.
Cher M. Waintrater, votre journal, « l'Arche », est un organe respecté et influent du judaïsme français. Vous avez un
rôle éminent à jouer pour contribuer à briser, en France, le détestable lieu commun qui veut que « les Juifs » appuient la
politique dIsraël, quoi qu'il advienne. Que certains de vos lecteurs, abusés par un sentiment communautaire mal placé, aient
pour l'oppression de tout un peuple une indulgence que l »Autre voix juive » condamne, cest probablement inévitable. Mais
que votre journal prenne la tête dune campagne salutaire montrant quune solution pacifique au Proche-Orient est possible,
à condition d'être fondée sur le respect des droits de lhomme et des droits des peuples, et un inestimable pas en avant serait
fait vers, enfin, une Paix juste et durable.
Sincèrement
pascal lederer
(Cette première partie est signée de Pascal Lederer. La suite est dOlivier Gebuhrer)
Passons à votre seconde question : vous demandez qui nous accusons de cette thèse que vous qualifiez de « manifestement
absurde »-- selon laquelle il ny aurait de crime contre l'humanité que le génocide perpétré par les nazis."
Il y a plusieurs façons de vous répondre :
La première consisterait à vous faire mesurer le risque que l'on encourt à ne pas lire le texte que lon veut disséquer
mais un autre : dans le texte du « Manifeste » vous ne trouverez en effet aucune accusation contre qui que ce soit dans le
morceau de texte incriminé ; il sagit d'une thèse de portée générale visant à prémunir quiconque contre l'idée d « un exceptionnalisme
juif » qui mettrait les dirigeants israéliens à l'abri des plus graves accusations et par suite les laisserait poursuivre
sans risque leur politique criminelle ; dans le même morceau de phrase , nous réglons aussi le compte de la phrase de M. Le
Pen , dont il ne vous a pas échappé qu'elle poursuit son petit bonhomme de chemin.
Votre question , si l'on suit cette ligne de pente, n'a donc pas lieu d'être, et je pourrais ne pas me sentir tenu d'y
répondre.
Toutefois , faisant l'hypothèse « probablement absurde » selon laquelle vous avez lu notre texte avec bienveillance et
néanmoins souhaitez , comme vous le dites éclairer vos lecteurs, sans jouer au plus fin , je vais tenter de répondre à votre
question , en lui donnant le seul sens qui vaille au travers d'une lecture bienveillante de votre lettre.
Qu'y a-t-il de « manifestement absurde » dans cette thèse ?
La seule « absurdité manifeste » réside apparemment dans la lettre de cette phrase ; le siècle passé contient assez d'horreurs
en tout genre pour qu'il ne se trouve personne pour soutenir pareille affabulation ; encore que la question du « détail »
devrait rendre prudent..
Mais le CONTEXTE de cette phrase déclarée « manifestement absurde » est tout autre : il sagit évidemment de la politique
israélienne que nul ne saurait accuser de crime contre lhumanité car seule l'extermination des Juifs par les nazis mériterait
cette qualification ; prétendre comme vous le faites qu'il ne se trouve personne pour dire cela est une pétition de principe
: bien entendu , je n'ai pas à ma disposition de citations rendant sans appel le constat que cette thèse de l « exceptionnalisme
absolu » est bel et bien en vigueur dans la branche , la variante , le courant --qu'on le nomme comme on veut --d'extrême
droite du sionisme.
Mais les indices qui concourent à laisser penser que cette thèse est « au travail » ne manquent pas :
- Chacun sait que Y. Rabin fut abattu par un assassin israélien juif appartenant à une organisation politique d'extrême
droite israélienne ; où en est l'enquête sur les activités de cette organisation ? La question ne sera pas posée . Le rapport
avec notre propos est limpide : il n'est même pas question d'évoquer la manifestation de la prégnance (par la thèse dont
nous discutons) de linconscient collectif en Israël puisque passé le premier moment de stupeur, on s'étonna avant tout que
l'assassin soit un Juif !!!
Les grands crimes politiques sont et demeurent mystérieux, comme cela ne vous a pas échappé ; l'assassin de Jaurès était
un « illuminé » comme l'était sans doute celui de Y. Rabin. Point final . Point de commanditaire , point d'enquête exemplaire
.., conséquences planétaires.
Pour revenir à notre question, comment se fait-il que le massacre des camps de Sabra et Chatila ait pu échapper à laccusation
majeure ?
Cela nest rendu possible que par l'idée très singulière de la « légitime défense » défendue par la quasi-totalité des
gouvernements israéliens ,le cas Rabin excepté-, idée selon laquelle aucune expression de condamnation extérieure à Israël
n'est légitime,--pas même celle de l'ONU-- , car après l'extermination des Juifs par les nazis dans le silence complice des
grands pays démocratiques (je condense pour aller vite) , plus aucune « règle commune » ne pouvait s'appliquer à Israël.
-Chacun ne sait pas mais vous devez savoir que cette forme de collusion avec le fondement de l'idéologie fasciste existe
en gros dans le sionisme idéologique avant la Deuxième Guerre Mondiale et que , pour le coup , si cette question vous intéresse,
et elle le mérite, vous trouverez , non pas une , mais des centaines de citations indiscutables et terrifiantes dans le livre
de Mr Tom Segev,( journaliste israélien au « Haaretz »), « THE SEVENTH MILLION » ; cette forme de collusion idéologique qui
comporte des dimensions monstrueuses, ne trouva pas immédiatement de traduction bien claire dans un programme politique ;
au demeurant ce courant était minoritaire dans le sionisme ; mais il devait arriver ce qui est déjà arrivé ailleurs lorsqu'on
s'avise de « prendre les loups pour des chiens » : ce courant du sionisme ne fut pas déclaré « corps étranger au sionisme
» ,ne fut pas combattu, et ..devint , non pas majoritaire , mais influençant de façon déterminante la politique israélienne
actuelle, le tout sous couvert démocratique .
La France ne connaît pas de phénomène complètement analogue pour le moment , mais il y fort à parier que le 21 Avril 2002
a marqué le moment des clarifications nécessaires .
-Enfin il est de notoriété publique que des Institutions juives de France s'évertuent à instiller l'idée de « l'exceptionnalisme
juif » au sens où je viens de le développer afin de rendre impossible la critique de la politique israélienne, que ce soit
par des Français Juifs , ou des Français non Juifs , les uns parce quils briseraient « la légitime défense » , les autres
parce quils sont « complices par héritage du plus grand crime de l'histoire», donc a priori suspects d'antisémitisme. Dites
moi, dites nous, Monsieur Weintrater que vous n'avez jamais vu ce processus à l'oeuvre !
Il me reste à vous avouer humblement que la phrase que vous incriminez est trop condensée pour être immédiatement comprise
, mais , à sa décharge , la supprimer purement et simplement aurait eu l'inconvénient majeur d'émousser le Manifeste d'une
question à mes yeux fondamentale ; l'expliciter eût rendu le texte trop long. Au demeurant, cette phrase ne faisant pas l'unanimité
entre nous , nous l'avons écrite en laissant la responsabilité à ceux qui pensent ainsi ; cest ainsi que lon fait du pluralisme
en actes ; pas en se contentant du plus petit commun* , comme cest trop souvent le cas.
* PLUS PETIT COMMUN DENOMINATEUR EST UNE EXPRESSION COURANTE MAIS "EVIDEMMENT ABSURDE"
Il n'y a cependant aucune erreur de sens , ni atteinte à l'éthique , ni quoi que ce soit de répréhensible , seulement
une thèse soumise à approfondissement, comme notre forum ne manquera pas de le faire. Aussi bien ceux et celles qui , nombreux
,ont signé ce texte , l'ont apparemment parfaitement compris ; certains commentent la formule incriminée en l'illustrant de
comparaisons avec leur vie et leurs souvenirs.
Jimagine que votre Revue n'a pas manqué d'éclairer ses lecteurs sur le sens profond de l'expression retenue par le représentant
du CRIF dans cette envolée spécifique qui l'amène à dénoncer « l'alliance rouge-vert brun ».
_Venons en à présent à votre troisième question , la plus simple au fond , bien qu'elle soit liée à cette thèse « manifestement
absurde » dont nous venons de parler.
Bien entendu , et sans l'ombre d'une hésitation , si cela pouvait ajouter quoi que ce soit à la force de notre condamnation
des attentats- suicide et de leurs commanditaires , nous parlerions de crimes contre l'humanité ; il ne nous semble pas que
le texte original puisse prêter à confusion.
Il se trouve et vous ne pouvez l'ignorer- que l'expression « crimes contre l'humanité » s'applique à notre connaissance
à des RESPONSABLES POLITIQUES qui dans l'exercice de leurs fonctions ont commis , ou ordonnés des exactions délibérées , sans
raison acceptable pour la notion même d'humanité , autre que la terrorisation sans fin dun groupe humain identifiable ; nous
pensons qu'il est légitime de ne pas banaliser l'expression « crimes contre lhumanité » en l'étendant à tout ce qui peut éventuellement
y ressembler --hors l'exercice du pouvoir politique--.
Dans ce contexte , toute explication de votre part de la libération inopinée de Sheikh Yassin , par Israël , serait utile
.
Pouvait-on penser une seule seconde que cette libération serait sans effet sur la montée en puissance en Palestine Occupée
des forces les plus obscurantistes, les plus attachées à l'idée du « rejet des juifs à la mer » etc ?
La réponse va de soi et certains d'entre nous considèrent , j'en fais partie, quil y a de la part du gouvernement israélien
un plan politique visant à utiliser ces attentats monstrueux pour légitimer une politique qui ne l'est sous aucun angle.
Au terme de ce parcours , vous aurais-je éclairé à défaut de vous avoir convaincu ? Cest à voir.
Mais quoi quil arrive , un débat de fond sur des questions essentielles vient de commencer ; il se poursuivra sur le site
que nous allons bientôt ouvrir grâce à un forum permanent .
Je vous prie de croire , Monsieur , à ma volonté de dialogue ainsi quà ma parfaite considération. OLIVIER GEBUHRER
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